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Les émissions de méthane n’ont jamais été aussi élevées, mettant en péril les objectifs climatiques

C’est le levier le plus efficace à court terme pour ralentir le rythme du dérèglement climatique. Et pourtant, les Etats ne semblent pas décidés à l’actionner. Les émissions et les concentrations de méthane (CH4) dans l’atmosphère ne cessent d’augmenter, à un rythme qui s’est fortement accéléré ces dernières années, malgré les promesses de nombreux pays de les réduire drastiquement. Ces résultats sont issus du nouveau bilan mondial du méthane, publié, mardi 10 septembre, dans la revue Environmental Research Letters par soixante-neuf scientifiques du consortium Global Carbon Project, quatre ans après la précédente édition.
Ils sont d’autant plus graves que le méthane, le deuxième gaz à effet de serre le plus important après le dioxyde de carbone (CO2), est responsable d’environ un tiers du réchauffement climatique depuis l’ère préindustrielle. Si le CH4 perdure moins longtemps dans l’atmosphère (autour de neuf ans contre plusieurs siècles pour le dioxyde de carbone), son pouvoir de réchauffement est bien plus élevé que celui du CO2 : plus de 80 fois supérieur sur vingt ans et 30 fois à un horizon de cent ans.
La concentration de méthane dans l’atmosphère, qui augmente depuis 2007, a atteint au cours des cinq dernières années un rythme de croissance record depuis le début des relevés dans les années 1980.
Résultat : la concentration en CH4 atmosphérique s’élevait à 1 931 parties par milliard en janvier, un taux inégalé depuis au moins huit cent mille ans. « Le méthane augmente plus rapidement en termes relatifs que tout autre gaz à effet de serre majeur et est aujourd’hui 2,6 fois plus élevé qu’à l’époque préindustrielle », précisent les auteurs de l’étude.
Cette tendance « ne peut se poursuivre si nous voulons maintenir un climat habitable », écrivent-ils encore. La trajectoire actuelle mène en effet la planète vers un réchauffement « de plus de 3 °C d’ici à la fin du siècle », par rapport à l’ère préindustrielle. Une telle flambée du mercure, très éloignée des objectifs de l’accord de Paris de rester bien en dessous de 2 °C de hausse, et si possible à 1,5 °C, serait catastrophique pour les humains et les écosystèmes. Les canicules, sécheresses, inondations et incendies font d’ores et déjà rage, alors que la planète s’est réchauffée de 1,2 °C.
« Cette hausse est majoritairement due à l’augmentation des émissions liées aux activités humaines, d’abord au secteur des énergies fossiles, suivi à égalité par l’agriculture et les déchets », détaille Marielle Saunois, enseignante-chercheuse au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement et coordinatrice de l’étude.
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